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(suite)

Son " Portrait du jeune homme en artiste " n'est donc pas un simple constat.
Arnaud se sert du réel pour s'en fabriquer un nouveau, un monde de fiction où triomphe le rêve, un monde où la beauté et l'intelligence ont leur place :

(…) Je me regarde trouver Paris inconnue
Ne pas reconnaître le lycée Chaptal
Y voir peut-être le Palais Ducal (…)

("Emploi du temps")

C'est dans cette optique que le " Portrait… " fait sens : par la chanson - c'est-à-dire à la fois les paroles et la musique - l'artiste échappe à sa magnifique torpeur, s'extirpe de l'angoisse de l'inaccompli, et invente un monde complet, grave et léger.

Que l'on écoute " Vivre autrement " ou " Emploi du temps ", deux chefs d'œuvre qui figureront au panthéon de la chanson française, l'artiste s'y chante en homme sans talent, qui ne peut rien faire de bon. La finesse d'écriture, tant dans les paroles que dans la mélodie, la qualité des arrangements, démontrent le contraire.

Ces chansons sont de remarquables exemples d'antiphrases musicales. Mais les autres chansons elles-mêmes prouvent qu'Arnaud Fleurent-Didier s'est projeté dans le monde idéal : " Moi je rêve de chansons qui diraient mes pensées " chante-t-il dans " En vieillissant peut-être… ". Vœu exaucé.


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Vincent Noiray